Novembre 2019
Point de vue (fictif, quoi que…) des viticulteurs sur le Moi(s) sans alcool
Tout ou presque a été dit sur l’annulation du Moi(s) sans alcool.
La forme de notre flash alcoolator en sera donc atypique avec l’invention d’une conversation entre un journaliste de l’Union de Reims et Maxence Goutart du Syndicat général des vignerons de la Champagne, un de ceux, qui après sa rencontre le 14 novembre dernier avec Emmanuel Macron, déclarait : « Le président de la République nous a affirmé qu’il n’y aura pas de « Janvier Sec ».
Le journaliste : comment se portent les affaires Monsieur Goutart ?
M.Goutart : oh, couci, couça, c’est plus vraiment ce que c’était vous savez !
(Discours de plainte attendu, alors que le chiffre d’affaires global des ventes de champagne a atteint un nouveau record en 2018 à presque 4,9 milliards d’euros… Cependant, les ventes de champagne en France ont connu, sur cette même année, un recul de 4%)
Le journaliste : et cette idée de Mois sans alcool en janvier, vous en pensez quoi ?
M.Goutart : janvier, vous n’y pensez pas, on est sur l’excellente dynamique de décembre, ce serait catastrophique !
Le journaliste : février alors ?
M.Goutart : non plus, vous voulez que la Saint-Valentin se passe à l’eau plate, non, ce serait un tue-l’amour !
Le journaliste : et mars-avril ?
M.Goutart : c’est des périodes de vacances scolaires ça ? On va skier, on a de bonnes sensations, le champagne et tous les autres vins, c’est aussi des sensations vous savez !
Le journaliste : oui, si je comprends bien, il n’y pas que les pistes selon vous qu’il faut descendre… je suppose que mai, avec tous ces ponts et le temps libre généré, se prête bien à la consommation ?
M.Goutart : exactement !
Le journaliste : sur juin, pourquoi pas ?
M.Goutart : pour ne rien vous cacher, la fête de la musique, le début de l’été, c’est aussi le lancement de la saison pour nos collègues des rosés pamplemousse, on est solidaires dans le métier nous ! Et puis c’est le moment où la bière décolle, ce serait dommage de casser cette envolée !
Le journaliste : oui, je vois et j’imagine qu’on ne touchera pas aux mois d’été !
M.Goutart : faut pas, vous imaginez des apéros, des barbecues à l’Orangina, non il y a des traditions auxquelles il ne faut pas s’attaquer, ce serait une révolution !
Le journaliste : une révolution de palais sans doute ! hummm… je comprends ! Septembre et octobre alors ?
M.Goutart : cher ami, vous n’y pensez pas (notons qu’une certaine complicité se crée avec la conversation qui avance) ! Et les étudiants, comment ils feraient les étudiants pour leurs soirées d’intégration ! L’oasis-pong, à la place des beer-pongs, vous croyez que ça va marcher ?
Le journaliste : alors, vous allez me dire que novembre c’est le beaujolais nouveau ?
M.Goutart : bien vu, et sur décembre, c’est le grand boum, décembre sans alcool, ce serait comme Noël sans jouets ! Non, nous ne nous en relèverions pas ! En plus, les calendriers de l’avant bières, je crois que ça marche bien. Preuve que les gens sont à l’aise ! Et puis, toujours pareil, l’eau gazeuse, c’est pour digérer, pas pour accompagner le foie gras, la dinde et le fromage…encore moins pour trinquer à l’apéro…
Le journaliste: bon, je me demande si ce mois sans alcool, ce n’est pas une fausse bonne idée…
M.Goutart : C’est ce que je me dis. D’autant que les vignerons prônent une consommation responsable toute l’année. On fait déjà la promotion du zéro alcool des femmes enceintes, alors bon… Et puis, le vin, c’est le partage, la gastronomie, c’est le vivre ensemble. Vous ne voudriez quand même pas remettre en question ces principes ?
Cette conversation est bien sûr fictive…
Mais ce qui est sûr, c’est que les vendeurs d’alcool, qu’ils soient ceux de la filière viticole ou industrielle, ne voudront jamais d’un mois sans alcool, où qu’il soit dans le calendrier… Leur objectif est que le consommateur soit toujours en lien avec le produit, que la consommation soit régulière, très ritualisée, que leurs produits se fondent dans le paysage, se banalisent dans la vie des français… La modération leur convient parfaitement dans le sens d’un rapport régulier, constant aux produits… Alors, pour de bonnes raisons de santé publique, quand on leur parle du « boire moins » et a fortiori du « sans » (comme avec ce concept d’un mois sans alcool), ils montent sur leurs grands chevaux, lancent leur habituelle cavalerie (lobbying politique, communication, discours alarmiste) avec la réussite que l’on connait…
L’association Avenir Santé est bien sûr engagée, aux côtés d’autres partenaires, dans le « Dry January » (le défi de janvier) : une pause d’alcool pendant un mois pour donner du répit à son corps (et son porte-monnaie) et également faire le point sur la place qu’occupe l’alcool dans son quotidien et sa sociabilité.
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