Décembre 2018

Jeux de lois « alcool »

Mi-novembre, le Sénat votait un amendement destiné à taxer plus lourdement les produits alimentaires « faisant référence à l’alcool » (les bonbons ou boissons au goût de cocktails alcoolisés) : il sera rejeté le 27 du même mois par l’Assemblée Nationale.

Une seconde proposition visait à taxer les vins (type « rosés pamplemousse ») et cidres aromatisés souvent commercialisés à très bas coût… aussitôt rejetée par l’Assemblée, certains députés arguant que le texte menaçait certaines appellations françaises (comme la Clairette de Die, les coteaux-du-layon, le Jurançon…).

Notre avis 

Le cheval de bataille de la santé publique et de la protection de la jeunesse doit une fière chandelle à la Loi Evin qui l’avait fait durablement progresser, du moins le pensait-on…

Depuis, les alcooliers et certains politiques, dans un jeu de lois qu’ils manipulent cyniquement, n’ont de cesse de vouloir le faire reculer…

Il en est allé ainsi de deux propositions qui avaient pourtant beaucoup de sens :

La première visait à taxer les prémix à base de vin. Ce sont de purs produits marketing ciblant notamment les jeunes femmes : forte teneur en sucre masquant l’alcool, packagings « fun », noms tendance… La taxe de 2004 sur les prémix « type Smirnoff » Ice avait pourtant fait baisser les ventes… Mais ce n’était pas du vin et, bien sûr, les « rosés sucettes saveur cola », comme les députés le savent, ne sont ni de l’alcool, ni des produits qui prétendent s’adresser aux jeunes… Même si le champ de l’amendement présenté par le Sénateur Bernard Jomier était très large, les objections concernant certains produits (cidres, poirés…) auraient pu être prises en compte… mais nous étions sur la case VIN et sur celle-ci, impossible d’avancer, nous serons toujours bloqués par le lobbying de la filière viti-vinicole…

La seconde ambitionnait de taxer les produits à référence alcoolique. Un autre amendement, toujours proposé par le décidemment très joueur Bernard Jomier, concernait « les produits à référence alcoolique, c’est-à-dire ceux qui utilisent les alcools comme argument de vente ». On peut citer ici les boissons sans alcool au goût de certains cocktails alcoolisés (spritz, pina colada, mojito…) ou encore des bonbons qui font écho à l’alcool. L’objectif de ces produits est on ne peut plus clair : conditionner à l’alcool adolescents et enfants, participer à sa banalisation… Ils sont à l’alcool ce qu’étaient au tabac les cigarettes au chocolat (pourtant interdites). Le rejet de ce texte a même été soutenu par la Ministre de la Santé qui préfère à la taxation de ces produits (fiscalement très compliquée) leur interdiction, ce qui pourrait faire l’objet d’une proposition de loi… Case « passe ton tour », en attendant les éventuelles évolutions…

Il semblerait que dans ce jeu de lois les dés soient totalement pipés…

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