Novembre 2020

Du covid-19 au Covid vin

« Test Covid ». C’est le nom de la cuvée éphémère lancée par un vigneron du bordelais. La bouteille présente ainsi une étiquette avec ce nom de cuvée suivie du « mode d’emploi » pour utiliser ce qui correspond à un « test » : en effet, si le consommateur arrive à sentir et/ou à goûter le vin, il n’a pas la Covid-19 !

L’étiquette précise quand même que ce concept « est à prendre strictement sur le ton de l’humour ».

Notre avis

Comme beaucoup de secteurs, celui de la vente de vin subit les difficultés liées au contexte de la crise sanitaire. Pour minimiser l’impact de cette période, certains ont des idées pour le moins décomplexées.

C’est le cas de la cuvée « test Covid » dont l’objectif est, sur un ton « humoristique », d’attirer l’attention des consommateurs et en particulier celle des jeunes (la photo d’illustration reprend d’ailleurs un post de Fun radio, média très écouté par ces derniers).

Et cette stratégie paye ! A tel point que le nombre initialement limité de ces « bouteilles test Covid » pousse le producteur à ré-étiqueter celles, restantes, de son millésime 2015 afin de répondre à la demande.

Deux aspects expliquent cette réussite : d’abord la transgressivité du concept, le producteur lui-même expliquant qu’il ne souhaitait « pas juste s’amuser à être décalé », mais « répondre à une cible jeune et décomplexée », transgressivité qui, toujours selon lui, amène de la « facilité » dans la vente. Ensuite l’originalité de l’accroche, puisque, selon le vigneron, « quand on regarde les étiquettes de Bordeaux, elles ont peu changé depuis 50 ans ».

Ce qui pousse donc ici l’achat ne semble pas lié aux propriétés gustatives ou au cépage, mais à l’instrumentalisation du contexte et à l’humour que l’étiquette met en avant. Les spécialistes le soulignent d’ailleurs, celle-ci est en effet le premier support de communication vu par le consommateur, l’informant sur les caractéristiques du produit et ainsi orientant son choix. Par cet exemple, nous pouvons nous interroger sur la nature des publicités alcool si la Loi Evin n’existait pas. Verrait-on une myriade d’exemples transgressifs, ayant pour but d’attirer l’attention, se démarquer de la concurrence pour vendre beaucoup plus facilement ? Poser la question, c’est y répondre, comme le prouvent les commentaires des internautes suite aux diffusions massives de posts de cette cuvée covid (comme par exemple celle de l’animateur de Fun radio et ses 225000 jeunes abonnés) : « On pourrait savoir où l’acheter ? », « Une bonne idée de cadeau et en plus, un achat français », etc.

Nous le rappelons souvent : la loi Evin vise, entre autres, à empêcher ce type de publicité qui repose sur l’humour et l’instrumentalisation d’une situation, bien loin de la neutralité que cette même loi impose dans les publicités et le packaging des bouteilles (dont l’étiquette). La jurisprudence l’a d’ailleurs montré, précisant que « si le conditionnement d’une boisson alcoolique constitue une forte incitation à la consommation, il relève alors de ces dispositions législatives ».

Rajoutons que nous mettons également en question la sincérité du vigneron quand il mentionne que son idée est « à prendre strictement sur le ton de l’humour », tentative de dédouanement car en réalité il ne s’agit pour lui que d’un « coup de pub » sur le dos de l’épidémie. Rajoutons que cette initiative a fait des émules car un viticulteur lot-et-garonnais a également créé une cuvée Covid, en rayon chez Intermarché, après avoir, dit-il, « vérifié le côté réalisable de l’opération ».

Evin réveille-toi, ils sont devenus fous !

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