Le projet ADdict

Le constat

Le projet ADdict est dédié aux stratégies d’influence (principalement marketing) qui ciblent les jeunes afin de les inciter à consommer de l’alcool et/ou à jouer (notamment aux paris sportifs) : il vise à en réduire l’impact et leur diffusion.

La publicité pour les boissons alcoolisées est encadrée par la loi Evin. Pourtant, malgré l’existence de celle-ci, l’association observe, notamment sur les réseaux sociaux, que de nombreux influenceurs publient des contenus qui dépassent ce que prévoit la loi et ce, en dépit d’un rappel récent des bonnes pratiques dans le cadre de la loi « Influenceurs » de 2023. En effet, ces derniers continuent d’exploiter des leviers tels que la musique, la convivialité, la festivité ou encore la « mise en scène » de jeunes consommateurs, ce qui soulève des questions à la fois en matière de santé publique mais aussi de conformité avec la loi, qui interdit normalement de recourir à ce type de procédés. Les influenceurs ne sont par ailleurs pas les seuls à publier de tels contenus, puisque nous observons des pratiques similaires dans certains communications réalisées par des débits de boissons.

Les jeux d’argent et de hasard (JAH) connaissent, pour leur part, un essor spectaculaire et continu, avec un accroissement spécifique de la pratique des jeux en ligne (OFDT, 2023 (1)). Les jeunes sont particulièrement touchés par cette croissance et ses effets : en 2022, 27 % des jeunes de 17 ans ont déclaré avoir joué à un jeu d’argent ou de hasard au moins une fois dans l’année, et 4 % d’entre eux jouent toutes les semaines (Source : OFDT, 2022 (2)). Les stratégies de communication des opérateurs de jeux, qu’elles soient en lignes ou sur d’autres supports (télévision, affichage…), sont massives et mettent en avant des émotions positives, orientées en particulier sur les promesses de gains, alors qu’on sait que 70% des joueurs de paris sportifs ont un bilan négatif (3) et moins de 1% gagne plus de 1000 euros (4). Nous constatons également que plusieurs influenceurs (dont l’audience est jeune) communiquent fréquemment sur les JAH, souvent de manière très frénétique, à travers des contenus éphémères (stories Instagram) ou des « émissions » de décryptage sportif diffusées sur YouTube. Nous faisons également le constat que la récente réglementation encadrant la communication marketing des influenceurs portant sur les JAH n’est que peu respectée, notamment sur Instagram : par exemple, le bandeau sanitaire, censé être présent sur chaque publicité, est bien souvent absent ou rendu peu visible par l’émetteur, soit délibérément, soit par négligence.

(1)  Eroukmanoff, V. (2023). Les jeux d’argent et de hasard en France en 2022. Les notes de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives.

(2)  Eroukmanoff, V. (2023). Les jeux d’argent et de hasard en France en 2022. Les notes de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives.

(3) ANJ, 2023 (https://anj.fr/coupe-du-monde-de-football-2022-et-paris-sportifs-lanj-presente-le-bilan-de-la-competition)

(4) ANJ, 2021 ( https://www.capital.fr/votre-argent/les-sites-de-paris-sportifs-bloqueraient-les-gagnants-pour-quils-ne-touchent-pas-trop-dargent-1452125)

Comment agir auprès des jeunes et sur leur environnement ?

L’objectif principal du projet Addict est donc de réduire l’impact des stratégies d’influence relatives à l’alcool et aux jeux d’argent et de hasard, en limitant le marketing existant et en intervenant auprès des jeunes. Pour cela, différentes actions sont mises en place dans le cadre du projet :

• L’observatoire numérique sur les réseaux sociaux, pour identifier et analyser les stratégies d’influence et déterminer quels émetteurs diffusent ce marketing et sur quels réseaux il est présent. Cela nous permet de mieux comprendre l’environnement dans lequel évoluent les jeunes (sans pour autant pouvoir acquérir une vision exhaustive et représentative, la sphère internet étant trop vaste).
• L’analyse des techniques marketing utilisées dans les publicités.
• La mise en lumière des observations auprès de nos partenaires et institutions, par le partage des données recueillies et de nos analyses.
  Cette démarche contribue à :
  • l’élaboration de réflexions sur d’éventuelles évolutions réglementaires pour mieux encadrer et réguler ces pratiques ;
  • la réduction effective du marketing, via le traitement juridique de nos observations par nos partenaires (principalement Addictions France) suite à nos transmissions.
• La sensibilisation des jeunes, à travers des ateliers en groupe et des campagnes sur les réseaux sociaux, pour les informer sur le fonctionnement de ces stratégies d’influence et ainsi les en protéger.

ADdict en quelques chiffres

Le projet ADdict a débuté en 2020 sur la thématique de l’alcool, et s’est étendu aux JAH en 2023. Sa mise en place fût permise par le soutien de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie, qui le finance depuis ses débuts dans le cadre du Fond de Lutte Contre les Addictions. La Direction Générale de la Santé, ainsi que la Ligue Nationale Contre le Cancer sont également des soutiens financiers.

Depuis la création du projet, ce sont :

• 16 046 contenus publicitaires enregistrés
• 463 influenceurs observés quotidiennement”
• 1 042 démarches pédagogiques/juridiques effectuées par Addictions France à l’encontre des influenceurs ou des marques d’alcool
• 50 actions effectuées par Addictions France à l’encontre de débits de boissons
• 6 outils de sensibilisation créés
• 232 jeunes sensibilisés lors de 38 ateliers/sessions de formation
• Environ 400 000 jeunes touchés par nos campagnes de prévention numériques, sur la thématique des jeux d’argent et de hasard, et diffusées sur Tik-Tok et Instagram.